Tarifs douaniers : le CTAQ plaide pour des mesures stratégiques

3 avril 2025
par Sylvie Cloutier
Contexte global de la situation
Depuis l’annonce de l’imposition de droits de douane de 25 % par les États-Unis sur certaines importations canadiennes, une tension commerciale est réapparue entre le Canada et les États-Unis. Bien que ces tarifs soient officiellement justifiés par une « urgence nationale » liée à la sécurité frontalière, plusieurs élus américains, y compris quelques sénateurs républicains, s’y sont opposés dans un vote symbolique le 2 avril 2025. Ce vote n’a pas de portée législative immédiate, mais marque un désaveu croissant au sein même du Congrès.

La plus récente annonce de tarifs le 2 avril, que le président Trump a qualifié du « Jour de la libération », exclu le Canada d'une longue liste qu’il a dévoilé en point de presse, indiquant les niveaux de tarifs que la plupart des autres pays devront affronter à partir du 3 avril.

En effet, les marchandises importées dans le cadre de l'accord commercial continental existant, connu sous le nom d'ACEUM (CUSMA), ne seront pas soumises à des tarifs, tandis que celles en dehors de l'accord se verront imposer un tarif de 10 %.

Le président américain a également annoncé qu'il allait de l'avant avec les tarifs de 25 % précédemment annoncés sur les importations automobiles. Donc rien n’a changé pour le Canada a la lumière des nouvelles annonces de tarifs.

Impacts sur l’industrie agroalimentaire québécoise
L’industrie de la transformation alimentaire et des boissons au Québec représente plus de 40 G$ de retombées économiques annuelles et 18 % du secteur manufacturier québécois. Celui-ci est donc gravement menacé en raison des éléments suivants :
• Dépendance aux exportations vers les États-Unis : environ 70 % des exportations internationales bioalimentaires du Québec vont vers ce pays.
• Certains secteurs sont vulnérables à court terme.
• Hausse des coûts des intrants de 35 %, contre une capacité de répercussion maximale de 15 % sur les prix à la consommation.
• Pression sur les marges, menaçant les investissements, l’innovation, et l’emploi.

Contre-tarifs canadiens : risques de représailles mal ciblées
Le gouvernement canadien envisage d’imposer des contre-tarifs à des produits américains. Or, plusieurs acteurs de l’industrie – dont Aliments et boissons Canada, le CTAQ et les associations provinciales – ont sonné l’alarme.
Ils demandent de retirer de la liste de représailles les intrants essentiels :
• Ingrédients
• Certains matériaux d’emballage et de plastique
• Équipements de production
Ces éléments ne sont souvent pas produits en quantité suffisante au Canada, ce qui rendrait leur substitution difficile et aggraverait les problèmes de chaîne d’approvisionnement et de coûts. Imposer des tarifs sur ces intrants essentiels serait de pénaliser notre propre secteur.

Recommandations du CTAQ
1. Exclure les intrants clés de la liste de contre-mesures tarifaires.
2. Cibler les produits finis américains, pour exercer une pression réelle sur leurs manufacturiers, sans nuire à nos capacités de production.
3. Évaluer la capacité domestique de production avant toute décision tarifaire.
4. Investir dans la résilience du secteur alimentaire canadien : innovation, remplacement local, diversification des marchés d’exportation.
5. Protéger les chaînes d’approvisionnement critiques (notamment l’emballage).
6. Favoriser une approche stratégique et coordonnée avec les entreprises.

Le CTAQ vous invite d'ailleurs à consulter ce communiqué de presse développé conjointement avec Aliments et Boissons Canada diffusé le 3 avril, qui reprend nos revendications au niveau fédéral.

Une liste complète des codes SH à exclure a été transmise à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et le ministère des Finances du Canada, dans le cadre de la consultation publique.

Mesures de soutien en place
Le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec ont mis en ligne des ressources pour soutenir les entreprises affectées :

Le dossier met en lumière un enjeu commercial majeur, mais aussi un risque systémique pour l’industrie agroalimentaire canadienne et québécoise si les représailles sont mal ciblées. Le message porté par le CTAQ et ses partenaires est clair : il faut protéger notre industrie, éviter les impacts indirects des contre-tarifs et soutenir les entreprises par des mesures concrètes pour préserver l’emploi, la sécurité alimentaire et la compétitivité du secteur dans un contexte géopolitique instable.
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